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COP29 : Kevin Magron, “diplomate première langue, climat deuxième langue”

PARIS — “D’âpres négociations” pour un nouvel objectif de finance climat à “l’acronyme barbare”.
Lorsqu’il explique en quelques lignes en quoi va consister la COP29, en début d’année, dans La Revue de l’Energie, Kevin Magron est encore conseiller spécial climat au Quai d’Orsay.
Le diplomate de 45 ans ne le sait pas encore, mais il va vivre ces négociations en première ligne. 
Nommé ambassadeur chargé du climat ad interim en mars (après le départ de Stéphane Crouzat pour la République tchèque), il est en effet le plus haut représentant français sur place, la ministre de la Transition écologique ayant fait l’impasse suite aux attaques du président azerbaïdjanais Ilham Aliyev contre Emmanuel Macron.
Des circonstances exceptionnelles synonymes de responsabilités accrues pour le diplomate. Car si Agnès Pannier-Runacher et son cabinet pilotent les discussions depuis Paris, les négociations ont tendance à se conclure les yeux dans les yeux.
“Les choses ne se décident pas dans une salle, ça se fait beaucoup dans les couloirs, relate l’ex-ministre de la Transition écologique Barbara Pompili auprès de POLITICO. Pour ça, il faut savoir toucher la bonne personne, avoir le bon contact.”
Et ça, l’ambassadeur sait faire. “Il connaît tout le monde”, assure la même au sujet de celui qui a été son conseiller diplomatique pendant deux ans, et avec qui elle a notamment participé à la COP de Glasgow en 2021.
Diplomate de carrière — d’aucuns diraient : pur produit du Quai d’Orsay — Kevin Magron est passé par l’Ukraine et l’Iran avant d’entrer au cabinet du Premier ministre Bernard Cazeneuve à son retour en France, en 2016.
Il prend ensuite la tête de la task force préparant la présidence française du G7, où il touche déjà aux enjeux climatiques, jusqu’en 2020, avant de rejoindre le cabinet de la ministre de la Transition écologique pendant deux ans.
“Il s’est découvert une passion très sincère et désormais profonde pour les questions environnementales”, glisse Gautier Lekens, ami de longue date, qui l’a recruté à Matignon.
“Il a vraiment la double culture”, certifie un de ses anciens supérieurs. “Il est diplomate première langue, et climat deuxième langue.”
Lors de son passage à l’Hôtel de Roquelaure, il acquiert la conviction que les négociations climatiques doivent y être gérées, plutôt qu’au Quai d’Orsay.
Un retour qu’obtiendra Agnès Pannier-Runacher lors de l’installation du gouvernement Barnier. Et auquel Kevin Magron aurait œuvré, selon deux personnes au fait des tractations.
Ceux qui ont travaillé à ses côtés ne tarissent pas d’éloges.
Fatih Birol, le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie, le qualifie d’“excellent diplomate, qui maîtrise parfaitement les questions internationales en lien avec l’énergie et le climat”.
Amélie de Montchalin se souvient “des convictions, de la créativité pour dépasser les blocages et [du] solide réseau à travers le monde” de celui qui a été son adjoint à la représentation permanente de la France auprès de l’OCDE.
Mais Kevin Magron s’attache aussi à cultiver des relations plus éclectiques.
En marge d’un sommet sur la biodiversité des océans à Brest, il échange ainsi avec le célèbre explorateur sud-africain Mike Horn, se rappelle un ancien collègue.
“On s’est dit ‘c’est pas possible, comment il fait ?’ En fait, il est sympa, et il sait de quoi il parle”, raconte le même, un peu scié.
Des atouts qui ne seront pas de trop à Bakou, où Kevin Magron est loin d’être en terrain conquis.
Les relations bilatérales franco-azerbaïdjanaises sont dégradées, voire hostiles, alors que le contexte géopolitique, avec l’élection de Donald Trump, et l’attitude peu diplomate de la présidence azerbaïdjanaise semblent défavorables à l’avancée des discussions.
Résultat : les négociations patinent. Le premier texte proposé par le pays hôte ne convainc pas, et les équipes sur place se préparent à devoir jouer les prolongations, au cas où les discussions se prolongeaient ce week-end.
En sus de la quarantaine de personnes qui composent ses équipes de négociation sur place, Kevin Magron peut compter sur ceux qui le soutiennent par la pensée, depuis Paris.
“Je l’imagine en ce moment à Bakou, ça doit pas être simple”, grimace son ancien supérieur cité plus haut.
“S’il entrevoit un petit bout de chemin, même avec une chance sur 100, il passera des nuits blanches, il mobilisera tout le monde”, veut croire le même.
Il faudra bien cela, et sans doute davantage, pour faire aboutir des négociations qui paraissent pour l’heure bien mal embarquées.
Paul de Villepin a contribué à cet article.

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